Pourquoi baguer des oiseaux ?

Certes, l’observation des oiseaux, que ce soit par l’intermédiaire de jumelles ou de l’ouïe, permet d’identifier l’espèce, généralement le sexe et de très nombreuses fois, le comportement (un chant peut être signe de territorialité ou recherche de partenaire, un cri peut alarmer et être annonciateur d’une nichée à proximité, etc.). Tout comme il est vrai que l’observation de la migration permet de déterminer les espèces, le nombre approximatif d’oiseaux descendant vers des contrées plus chaudes et de tracer les grands axes migratoires. Mais le baguage, lui, donne une identité à l’oiseau. Quel intérêt me direz-vous ?
Individualiser un oiseau dans une population permet de connaître ses déplacements, sa longévité, sa fidélité à un site (d’hivernage, de halte migratoire ou de nidification), bref d’épier ses moindres faits et gestes ! Bien d’autres utilités lui sont trouvées : par exemple le baguage a mis en évidence que les électrocutions de Cigogne blanche touchent principalement des cigognes dans leurs premières années de vie (ou « première année » ?), en migration vers leurs quartiers d’hivernage ou encore que certaines populations d’oiseaux nicheurs, comme celle du Pouillot fitis, subissent un très fort déclin.

Petite précision à apporter tout de même, pour avoir ce genre d’informations, deux choses sont indispensables. Premièrement, recapturer l’individu bagué (heureusement, le nombre conséquent d’oiseaux bagués permet ces recaptures aussi appelées « contrôles »). Deuxièmement la transmission de l’information. Une fois l’oiseau bagué, déterminé, pesé, mesuré, que fait-on des informations recueillies ? Le bagueur a obligation de transmettre l’ensemble de ses données au Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO). Ainsi lors de recaptures, le CRBPO est à même d’évaluer avec précision la distance parcourue, l’axe emprunté et le temps écoulé entre les deux captures. Il en informe dans un second temps l’ensemble des bagueurs ayant capturé l’oiseau.
Par exemple, le 1er janvier 2012 un Chardonneret élégant fut bagué à Liart. Le 7 avril 2013 c’est sur l’île de Man, à 790 km du site originel de baguage, qu’il fut recapturé.

Comment ?

Sans trop entrer dans les détails, en France l’obtention d’un permis spécifique au baguage d’oiseaux est obligatoire et est délivré par le CRBPO.
Plusieurs méthodes sont employées mais celle de la capture au filet reste la plus utilisée.
Une fois capturé, une bague est posée et l’oiseau se voit offrir une manipulation du bagueur afin de déterminer l’espèce, le sexe, l’âge, la masse, le taux de graisse ainsi que la taille de l’aile.

Dans les Ardennes…

Nombreux sont les sites où sont bagués des oiseaux. Dans les Ardennes, le plus remarquable est la roselière de l’étang de Bairon où chaque année sont mis en place plusieurs protocoles dont le plus ambitieux est appelé « Halte migratoire ». L’objectif est d’y baguer les oiseaux ayant commencé leur migration et venant se reposer dans la roselière pour y faire le plein d’énergie.

Bairon 2012 Daniel Gayet

Le programme « Halte migratoire » n’est pas le seul à avoir été mis en place dans le département. En effet, y existent aussi le programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) et les Suivis des Populations d’Oiseaux Locaux à la mangeoire (SPOL Mangeoire) en hiver.
Le « STOC » est réalisé au début de l’été à Bairon, quelques temps avant la « Halte migratoire » afin d’étudier l’avifaune nicheuse de la roselière.
Les « SPOL Mangeoires », eux, ont lieu à Liart, Aiglemont, Chalandry-Elaire, Wagnon. Ils servent à comprendre les stratégies d’hivernage d’un groupe d’oiseaux appelés passereaux. Sont inclus dans ce groupe les moineaux, pinsons, mésanges et autres bruants. Quelquefois, un code couleur peut être utilisé sur les moineaux (espèce sédentaire) par l’intermédiaire de bagues, permettant ainsi l’identification sans capture.